érase una vez

il était une fois

Je n'aime pas parler de moi.. et encore moins de mon histoire. Mais pourtant il paraît que cela fait du bien de parler, de partager ce qu'on a sur le cœur. Peut être, mais j'en doute. A défaut de parler, je préfère écrire. Face à un écran au moins, je sais qu'aucun jugement sera fait. Il est tard, la nuit est déjà bien avancée, je n'arrive pas à dormir. Le déménagement me terrifie et m’empêche de fermer l'oeil pour le moment. Heureusement, le petit dort déjà à point fermé. Lui il est plutôt impatient face à cette nouvelle aventure. Un futur aventurier je suis sure.

Pour mon histoire il est logique de commencer par ma famille. Après tout, sans mon père et ma mère, je ne serais logiquement pas là. La famille Vasquez est assez riche et classieuse. Les affaires ont bien fonctionné pour eux. Ma mère Anna est une française à demi sang, alors que mon père est issu de longues générations d'espagnol pur souche. Cette union a donné la vie à huit enfants. Et oui j'ai quatre sœurs et trois frères. ça fait beaucoup, je peux vous le garantir. Mais parmi cette fratrie, je suis la seule à avoir hérité des gènes physiques du coté français. Puisque j'ai la peau claire et que je suis rousse. Alors que mes frères et sœurs ont tous la peau un peu plus mats et surtout ils sont bruns..à l'image de mon père. Je peux facilement passer pour une française. C'est assez dérangeant. Je me suis toujours sentie différente, comme le vilain petit canard qui faisait tâche. J'ai eu le droit bien sur au : poil de Carotte, la Rouquine.. et toutes sortes de sobriquet au sein même de ma famille.
Mes sœurs ne m'ont jamais fait d'effort à mon égard, de véritables pestes. C'est à peu près le même topo pour mes frangins, sauf les jumeaux Enrico et Ezechiel qui ont été toujours plus sympa avec moi. J'ai toujours été complexé par cette différence physique. Même une fois, une rumeur courait et disait que je n'étais pas la fille de mon père, que ma mère l'avait trompé avec un étranger, ce qui expliquerait m on physique.. Rumeur blessante et infondée, qui fut démonté par la colère paternelle, qui refusait d'être salis à ce point. Remarque même, si j'ai pas le physique de mon père, j'ai au moins hérité de son caractère. C'est de lui que je tiens ma détermination et ma volonté de pas me laisser marcher sur les pieds. Mes parents montraient à leur manière à quel point ils tenaient à moi. J'étais leur poupée de porcelaine comme ils me disaient des fois hélas, ils travaillaient beaucoup. Ainsi j'étais souvent seule face aux brimades de mes frères et sœurs. Mais j'avais une allié. Ma voisine Esméralda. Petite blondinette qui devenue rapidement ma meilleure amie, presque une sœur. On passait notre temps ensemble à refaire le monde, à s'amuser comme les gamines qu'on était.

Cependant à 13 ans, cette amitié prit fin, quand Esméralda entra aux urgences pour tentative de suicide. Je ne l'ai plus jamais revue depuis. Je me rappelle que très inquiète, j'étais allée prendre de ces nouvelles chez elle. Je me souviens très bien des mots qu'elle a prononcé : «  « Elle est morte, c’est de ta faute… ne remets plus jamais les pieds, ici ! ». La dureté et la froideur de ces mots sont restés gravés dans ma mémoire. Ma meilleur amie, ma seule alliée est morte par ma faute. Je m'en suis jamais remise, je crois. Je me rappelle avoir beaucoup pleurer suite à cela. D'ailleurs, je sens les yeux me piquer quand je pense à Esmé. Elle m'a beaucoup manqué et continue de me manquer. Je regrette beaucoup de pas pouvoir revenir en arrière pour sauver la vie de mon amie. Mais il a fallu avancé. La vie continue pour les vivants comme disait ma mère.

Alors j'ai continué ma vie. Les livres ont pris une place importante, comme pour combler le vide laissé par mon amie, surtout que personne n'a pu la remplacer. Les années de lycée se sont vite écoulées. Les brimades sur ma couleur de cheveux étaient toujours là. Mais bon, je laissais dire. Parce que au moins j'étais unique par rapport aux autres filles qui se ressemblaient quasiment toutes. J'ai eu mon diplôme facilement. Une fois le lycée finit, j'ai pu m'envoler et m'éloigner de mes pestes de sœurs.

Direction Barcelone pour y étudier la littérature. Choix qui s'était imposé par lui même. J'ai pu ainsi connaître la vie étudiante, faire de nouvelles rencontres et avoir une nouvelle vie. Lors de ma première année j'ai rencontré Diego. Jeune homme charmant qui a su me faire tomber sous son charme. Très vite notre relation a évolué, au poins qu'on s'était installé ensemble. Tout allait bien, j'étais amoureuse et je faisais des études qui me plaisaient. Le bonheur quoi. Mais oui il y a eu un accroc. Je suis tombée enceinte. Être enceinte alors qu'on a à peine vingt ans.. c'est effrayant. Je ne voulais pas le garder. Ben oui, les études devaient passer en premier. Diego voulait le garder.
J'étais perdue totalement. Du jour au lendemain, je suis partie. Sans laisser la moindre nouvelle, je suis rentrée à San Sebastian pour avorter.
Au final, je n'ai pu me résoudre à avorter. J'ai pensé à l'avis et à ce que pourrait dire Esmé.. Je ne pouvais pas prendre une autre vie. Puis cette vie qui grandissait en moi était innocente. Je ne pouvais lui faire du mal. Donc j'ai gardé l'enfant, du coup j'ai du abandonné mes études à ce moment là.

Le 20 juin 2008, j'ai mis au monde Enzo Dante Vasquez, mon fils. Le plus beau jour de ma vie..et aussi le plus douloureux, à cause des huit heures de travail. Cette petite bouille est mon trésor. Je l'adore, je donnerais ma vie pour lui. Et je ne regrette pas une seule seconde de l'avoir près de moi. Par contre, je regrette encore aujourd'hui d'avoir rompu tout contact avec Diego. J'aurais du agir autrement.. mais c'est trop tard.

Avez l'arrivée d'Enzo ma vie était différente. J'étais revenue chez mes parents, qui était ravis de voir leur petit fils. Certes, j'ai eu le droit à des réflexions, puisque j'avais eu un enfant hors mariage.. que j'allais l'élever seule. Mais je m'en fichais et je m'occupais de mon fils. En même temps, j'ai repris mes études. Cela demandait une certaine organisation mais j'ai réussi à concilier les deux. Je restais toujours loin de Barcelone. J'ai obtenue mon diplôme, en étant mère. J'étais fière.
Un jour, Enzo me demanda «  C'est qui mon papa ? » Je n'ai pas su quoi lui répondre, alors je lui ai simplement dit : «  C'était un homme très bien. » Cela lui a suffit pour le moment. Mais je sais qu'il risque de m'interroger plusieurs fois. Enzo est aussi brun que son père, par contre il a mes yeux. C'est un vrai ange. Il m'écoute, ne fait pas de caprice et il est très curieux.

J'ai obtenue une place dans une maison d'édition. J'en suis ravie. Mais cela me terrorise aussi, puisque c'est à cause de ça que je vais devoir aménager à Barcelone. Puis je me demande si je vais être accepté.. Certes je serais la nouvelle, la débutante qui devra faire ses preuves... Mais aussi la mère qui sera absente si son fils est malade. Tout un tas de choses nouvelle que je vais devoir gérer.. je n'aime pas le changement mais là il faut que j'avance autant pour moi que pour Enzo. Puis peut être que je lui parlerais de son père.

J'ignore si je vais le recroiser un jour et si c'est le cas, qu'es ce que je lui dirais ? J'en sais rien. Cela a l'air tellement simple dans les bouquins, par rapport à la vie réelle.

Bon, fini de raconter ma vie.. Je dois dormir un peu si je ne veux pas ressembler à un zombie demain.

Le tapotement des doigts sur le clavier s'arrête enfin. Le ronronnement de l'ordinateur cesse. L'écran se rabaisse. Maya va vérifier que son fils dort toujours avant d'aller tenter de dormir..

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