De la discussion jaillit la lumière. #Maya

« Dans une discussion, le plus difficile, ce n'est pas de défendre son opinion, c'est de la connaître. »
Ft. Maya & Diego

Je venais de passer trois jours de fou. Je passais mon temps à réfléchir et je n’étais pas tellement concentré dans ce que je faisais. Au boulot, c’était limite si je ne m’endormait pas dans la salle des profs entre les cours et la nuit dès que j’allais me coucher, je n’arrivais pas à fermer l’œil. Depuis que j’avais revu Maya dans le hall de l’immeuble, je ne pensais plus qu’à ça. En même temps, il y avait de quoi... Je venais d’apprendre que j’avais un fils de cinq ans… Ce n’était pas rien ! Après tout ce temps, elle était revenu à Barcelone et je l’avais croiser par hasard. Là, comme si c’était normal. En plus comme si le fait de la revoir après une si longue période sans nouvelle ne suffisait pas, elle avait gardé le bébé. Elle avait accouché et l’avait appelé Enzo. Je ne savais rien de sa vie depuis qu’elle était parti sans prévenir et j’avais tellement de chose à lui demander. Mais je n’avais pas pu lui parler devant notre fils. Il ne devait pas apprendre que j’étais son père de cette manière. J’imaginais que Maya lui dirait plus tard, en douceur. C’est donc pour l’interroger que vers vingt-deux heures je descendis les trois étages qui nous séparaient. Elle m’avait dit que le petit ne veillait pas tard donc il devait dormir à cette heure-ci. Enfin, je l’espérais. Dans l’ascenseur, je me regardais dans le miroir. Je n’avais pas une si mauvaise allure. J’étais rasé de près et bien habillé dans mon jean et mon t-shirt. Bon il est vrai que mes cheveux partaient dans tous les sens, mais ils avaient toujours été incoiffables. Je n’y pouvais rien et ce n’était pas nouveau donc… Je souris à mon reflet et attendis patiemment. Une fois devant sa porte, je frappais. Quand elle ouvrit, je la saluais puis lui fis la bise. « Bonsoir. Je ne te dérange pas ? » Demandais-je poliment. Elle n’avait décidément pas changé, elle était toujours aussi belle. Et ses cheveux avaient encore leur magnifique couleur rousse. En déposant un baisé rapide sur sa joue, je remarquais même qu’elle avait toujours le même parfum. Pleins de souvenir remontèrent à la surface. Nous étions si proche à l’époque… Bref, j’entrais sans trop faire de bruit et observais les lieux. « C'est sympa chez toi ! »

Depuis trois jours, elle ne cessait de penser à sa rencontre inattendue avec son ex dans le hall de cet immeuble. Cela ne l'avait pas laissé indifférente et en paix. Perturbée par le fait de le revoir, et aussi par le fait qu'il sache qu'Enzo, leurs fils soit là. Du coup, elle songeait déjà à la manière dont elle pourrait le dire à son fils. Ainsi son gamin connaîtra son père comme la majorité des enfants de son âge. Et il pourra passer du temps avec lui, si ils en avaient envie tout les deux. Cela ne serait que bénéfique pour son fils. Maya s'en réjouissait, mais ressentait aussi une pointe d'appréhension. Parce que cela impliquait de laisser une place à Diego dans leurs vies. Rien que le fait de le revoir, avait éveillé des souvenirs à la fois doux et douloureux, ainsi que les remords.. Mais la demoiselle n'avait pas l'intention de fuir à nouveau. Elle voulait éviter de refaire la même erreur et au contraire faire face. Depuis la rencontre, elle essayait de s'occuper l'esprit pour éviter de trop réfléchir. Se donnant à fond dans le travail, pour s'occuper de son fils, une méthode assez efficace, sauf la nuit.. Là elle n'arrêtait pas d'y penser. Maya essaya de se libérer pour aller parler à Diego, mais elle n'avait encore trouvé personne pour le garder à sa sortie du jardin d'enfant, et elle se voyait mal le laisser seul chez elle.
Tout en écoutant d'une oreille distraite, les informations diffusées par le poste de télévision Maya était en train de plier du linge. C'est alors qu'on frappa à la porte. Intriguée, elle alla ouvrir. Diego. « Bonsoir. Non vas y rentre. » Répondit-elle souriante. Bien que surprise de le recevoir ce soir, mais Maya se décala pour le laisser entrer. Elle referma la porte doucement, en la verrouillant par habitude. Maya jeta un coup d’œil rapide sur sa tenue, un large pantalon en toile blanc et un débardeur vert, une tenue simple pour se sentir à l'aise. De nouveau le contact éveillait des émotions passées. Un instant, elle observa Diego chez elle. Limite, elle n'en revenait pas. « Merci. J'ai pas encore eu le temps de déballer tout les cartons et de surtout d'acheter beaucoup de meubles.. » Référence à la dizaine de cartons, qui étaient stockées dans un coin. Ainsi qu'aux espaces encore vides, elle n'avait pas encore eu le temps d'acheter des meubles adéquates, comme une bibliothèque. Mais au moins, elle avait les essentiels..Son appart' était de taille moyenne, avec quelques meubles simples mais colorés. « Je range ça, et après je suis à toi. » Elle prit la pile de linge, pour aller la ranger dans une pièce à coté. Elle en profita pour vérifier que son fils dort à poing fermé. Puis elle ferma la porte pour l'isoler du bruit. Souriante, elle revient rapidement vers Diego. « Et voilà. Tu veux boire quelque chose ? Thé, café, jus de fruit, eau.. » Rien d'alcoolisé en réserve, pourtant, elle aurait bien bu un verre. En attendant, elle éteignit la télévision. « On peut discuter ici ou sur le balcon, c'est comme tu veux. » Le canapé du salon, ou le pouf et la table 'enfant' ? Maya préférait le laisser décider.

Je rentrais dans son appartement en souriant. Je n’étais pas sûr de tomber au bon moment, c’est pour cela que je lui demandais si je ne la dérangeais pas. Apparemment non. Curieux, je regardais l’intérieur de l’appartement alors qu’elle fermait la porte derrière moi. « Oh ! C’est mignon quand même. » J’aperçu des cartons dans un coin comme elle me l’expliquait, mais aussi des jouets pour enfant près de la télé dans le salon, qui devaient appartenir à Enzo. À mon fils… J’étais encore choqué par la nouvelle. En trois jours, je ne l’avais toujours pas digéré. Il me faudrait sûrement un long moment pour que je m’y habitue. Bref. « Pas de souci. » Dis-je quand elle parti ranger son linge. En l’attendant je reportais mon attention sur la décoration. Sur un meuble étaient disposées plusieurs photos. Toutes d’Enzo, seul ou avec Maya. À ce moment-là, je réalisais tout ce que j’avais manqué. Cinq ans… Ce n’était pas rien… Je n’avais pas été là pour changer ses couches, pas la non plus quand il avait appris à marcher, ni quand il avait prononcé ses premiers mots. J’avais tout raté… Je poussais un long soupire et me retournais alors qu’elle me proposait un verre. « Oui, je veux bien un peu d’eau. » Ma gorge était un peu sèche et je savais que cette conversation allait être longue. D’ailleurs à dans le salon ou sur la terrasse ? Je jetais un coup d’œil par une des fenêtres. « Hum… Je crois que c’est mort pour le balcon, il vient de se mettre à pleuvoir. » Comme en reflet à mes émotions, une pluie fine tombait et je n’avais pas vraiment envie de me mouiller. Je m’installais donc dans le canapé et plongeais mon regard dans le sien. « Heu… J’ai tellement de chose à te demander que je ne sais pas vraiment quoi te dire… » En six ans c’était la première fois que nous nous retrouvions face à face, seuls. J’avais autant de questions… Je ne savais pas par où commencer… « Pourquoi ? Pourquoi… Es-tu parti sans rien dire ? » Et oui, j’attaquais par mon interrogation la plus ancienne, celle que je me posais depuis son départ. C’était aussi le sujet le plus émouvant parce que j’en avais sacrement bavé à cause de ça. « S’il te plait, dit moi la vérité… » Je ne voulais pas qu’elle me mente, ce serait encore pire que d’entendre la vérité.

Les photos ne manquaient pas dans l'appartement. On pouvait y voir Enzo à tout âge, seul ou avec Maya. Mais là encore, ce n'était qu'un échantillon. Elle en avait encore plein sur un disque dur externe. La jeune mère aimait photographié certains moments dans la vie de son fils. Mais c'était raisonnable. Elle ne passait pas sa vie l'appareil à la main pour l'avoir sous toutes les coutures. Mais elle aimait avoir une image de certains événements. Maya finissait de ranger son linge et elle proposa à Diego un verre. Le jeune homme opta pour l'eau. Hochant la tête, elle alla prendre une carafe pour la remplir ainsi que deux verres. Le tout fut amener sur la table basse devant le canapé. Puisque la pluie empêchait l'option du balcon. À son tour, elle s'assit de manière à pouvoir le regarder en face, ses jambes repliées contre son buste. Elle esquissa un timide sourire à la remarque, qui ne l'étonna pas. Puisqu'elle se doutait qu'il avait beaucoup de question. En six ans et un fils en prime c'était logique.
Même si elle s'y attendait, la question fit naître comme une boule au fond de sa gorge. Ses yeux se fermèrent un instant, le temps d'une inspiration lente et profonde. Ré-ouvrant les paupières, pour ficher ses prunelles dans celles masculines. « Parce que j'ai été une sombre idiote ?.. » Mais elle n'allait pas s'arrêter à cette excuse, elle reprit tout de suite après. « En fait, j'étais terrorisée à l'idée d'être enceinte et avec tout ce que cela impliquait par la suite. Je ne me sentais pas prête à devoir abandonner mes études, ma vie.. Je savais que cela allait tout chambouler. Et c'était trop tôt pour moi, pour nous... J'étais déterminée à avorter. Mais je savais que tu étais contre et que tu voulais le garder. Alors je ne voulais pas t'imposer mon choix. Je crois que j'avais peur de te blesser et de te décevoir. Et en partant comme une voleuse, c'était pour ne pas voir la peine dans tes yeux et pour ne pas flancher... » La voix emplie de sincérité et aussi d'émotion s’éteignit, un instant. « C'était une grossière erreur qui a conduit à d'amers regrets.. » Alors que Maya détourna les yeux, pour remplir les verres d'eau et se saisir du sien. Elle sentait ses yeux s’humidifier, mais préférait faire comme si de rien n'était. Buvant un peu d'eau, avant de replonger dans le regard de Diego. « Je ne sais pas si cette explication va te satisfaire.. remarque je sais pas si une quelconque explication peut aller. Mais sache que je n'ai pas l'intention de te mentir. Je ne me permettrais pas, et je ne vois pas pourquoi je le ferais. Et puis, tu peux poser toutes les questions que tu veux. »

Je le regardais nous servir deux verres d’eau tout en réfléchissant. En six ans, j’avais accumulé les interrogations. Me demandant comment ça ou pourquoi ci… Je réalisais juste que j’allais enfin avoir les réponses que j’avais tant attendues. Et j’avais peur, peur de ce qu’elle allait me révéler. Je poussais un soupire et lui posais ma première question. Pourquoi ? C’était simple ? Non ? Pourtant, je redoutais la suite. Dans mon ventre, une petite boule d’appréhension se formait alors qu’elle commençait. Et là ? Je fus cloué sur place. Je ne savais pas quoi répondre… Une douleur vivace me prenait à nouveau aux tripes, elle était parti pour ne pas me faire souffrir… Donc, cela était bel et bien de ma faute… Elle me détruisait de nouveau d’une bombe par ses révélations et me serrait la gorge. Mais je ne devais pas craquer… Je baissais le regard vers mes pieds pour cacher tout le regret qu’elle pourrai voir dans mes yeux… Je m’en voulais d’avoir autant insisté pour le garder… « Tu n’étais pas une idiote. C’était plutôt moi l’abruti ! Je n’aurais jamais dû insister pour que tu n’avortes pas. C’est juste je ne comprenais pas pourquoi tu ne voulais pas de lui. Je n’aurais pas dû te mettre la pression comme ça, excuse-moi. Mais si tu m’avais expliqué… Tu sais, j’ai été adopté et tout ce que je voulais c’était qu’il ne lui arrive pas la même chose qu’a moi… J’avais tellement souffert à cause de ça… » Lâchais-je d’une voix atone, comme si ça ne me touchait pas, alors qu’au font, j’en bavais comme ce n’était pas possible. Puis elle rajouta qu’elle n’avait pas l’intention de mentir. Ça, j’étais heureux de l’apprendre. « D’accord… » Répondis-je simplement. Parce je ne savais pas quoi dire d’autre. Je relevais la tête et souris. « On fait une question chacun notre tour, ok ? Donc vas-y, demande-moi ce que tu veux… » Ajoutais-je comme si ne rien était. Je n’étais pas vraiment d’humeur à jouer, mais il me fallait un peu de temps pour digérer ce qu’elle venait de me dire avant de continuer sur les révélations douloureuses.

HRP : Désolé, c'est pourri ... :/

Maya lui avait donné les raisons qui l'avaient poussé à s’enfuir Tentant d'expliquer son geste, son erreur de l'avoir abandonné, elle avait parlé avec franchise et sincérité. Mais elle ne voulait surtout pas qu'il se sent coupable. Parce qu'à ses yeux, c'était de sa faute à elle. Il n'avait rien fait de mal. Un abruti ? Certainement pas, Maya ne pouvait le laisser penser cela. Sa tête fit non dans un mouvement. Elle ne voulait pas le faire culpabiliser. Posant son verre sur la table, elle regardait Diego. Même si il montrait que cela ne le touchait pas, elle avait du mal à y croire. Mais elle attendit qu'il relève les yeux. Elle changea de position et se rapprocha un peu, lui prenant la main pour établir un contact. Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle en avait envie.
« Non, non, tu n'étais pas un abruti. Tu avais de très bonne raison de vouloir le garder. Tu voulais protéger la vie de notre enfant. Alors que moi c'est la peur qui m'a guidé. Tu sais j'ai toujours eu peur des changements, alors une grossesse non désirée, c'était un obstacle de taille. Je ne veux pas que tu te sentes coupable, de ce que j'ai fait. Parce que c'est moi qui est merdé, en te quittant alors que je t'aimais toujours. » lui avoua t-elle droit dans les yeux, lui serrant la main.. Et peut être même qu'elle l'aimait toujours. Mais ce n' était pas la question du moment. Lui notifiant qu'elle ne lui mentirait pas ce soir, elle eut le droit à un sourire. Puis Diego proposa une question chacun leur tour « Si tu veux ! » acquiesça t-elle en souriant Réfléchissant aux questions qu'elle avait envie de poser à son ex, il y en avait plusieurs. Mais elle devait faire le tri, entre les essentielles et les autres, les intimes et les plus banales. « Tu as continué tes études ? Et tu fais quel métier ? » demanda t-elle. Ce n'était pas la question qui lui brûlait le plus les lèvres, mais elle voulait temporiser un peu. « Oups, ça fait deux questions mais elles vont ensemble..» se rendit-elle compte en souriant.«Tu as le droit de m'en poser deux ! »

Alors qu’elle venait de me dire pourquoi elle était parti, je lui expliquais en quelque sorte ce que je ressentais et ce que j’avais ressenti. Je me sentais idiot et par de dessus tout extrêmement fautif. Je me disais que tout était de ma faute. Alors, Maya se rapprocha de moi et me prit la main. Je passais mes doigts entre le sien et la regardais dans les yeux. Son contact ne me dérangeait pas, au contraire. Et puis cela semblait si naturel… Comme si nous reprenions nos marques après ces années de séparation. Même si ça ne durerait qu’un temps, j’appréciais d’avoir sa main dans la mienne, ça me réconfortait un peu. Surtout alors que j’entendais qu’elle m’aimait toujours. Enfin, à l’époque où elle était parti. Mais ? Si elle m’aimait à ce moment-là ? Etait-ce encore le cas aujourd’hui ? Je voulais lui demander… Mais plus tard. Je venais de lui proposer une question chacun. Je n’allais pas déjà griller son tour. Et puis nous avions besoin de faire une pause au niveau des sujets plutôt sensibles. Je lui souris et ne dis pas plus. Attendant simplement qu’elle me demande ce qu’elle avait envie de savoir. Si j’ai continué mes études ? Voilà quelque chose de tout à fait banal, parfaitement ce dont nous avions besoin. Et quel métier je fais ? Un sujet de conversation neutre… Magnifique ! « Ok, je t’en poserais deux ! » Répondis-je au sujet de sa double question. « Oui, j’ai continué. Je suis professeur de littérature française à l’université maintenant. Et toi ? » Demandais-je en souriant, utilisant ma première. Quelque part dans ma tête, je voulais absolument savoir si elle m’aimait encore. Ça me tracassait et j’utilisais ma deuxième pour lui demander, plongeant mon regard dans le sien : « Maya ? Tu m’aimes encore ? » Les mots sortirent de ma bouche et là, je me demandais si j’avais vraiment envie de savoir la réponse. Parce que si c’était oui ? Que ferais-je ? Comment j’allais réagir ? Sachant que moi, je ne savais pas du tout où j’en étais. Je ne savais pas ce que je ressentais vis-à-vis d’elle. Et si c’était non ? Peut-être me sentirais-je blessé ou du moins déçu. Ou serais-je soulagé ? J’étais vraiment paumé. Perdu dans ma propre tête… Dans mes propres sentiments… « Quel bazar ! » M’exclamais-je en français, sans tout de même crier pour ne pas réveiller Enzo. Oui, c’était le bazar, dans ma tête, dans ma vie,… Partout.

HRP : Désolé pour le retard.

Elle venait d'exposer les raisons de sa fuite. Maya se trouvait stupide encore aujourd’hui d'avoir agi ainsi. Mais il était trop tard pour revenir en arrière. Tout ce qu'elle pouvait faire c'est de tenter de rattraper le temps perdu. Peut être que sa sincérité l'aiderait. En tout cas, elle n'imaginait pas mentir à Diego. Elle le respectait trop pour cela. Le contact de sa main dans la sienne était tellement agréable et il avait un coté rassurant. C'était étrange, mais ainsi. Maya ne songea pas à retirer sa main. Parlant plutôt d'un sujet neutre, pour calmer le jeu, parce que intérieurement, elle ne savait pas vraiment où elle en était. Professeur de Littérature française. Cela lui allait bien. Oui elle trouvait que cette profession devait lui convenir à merveille. Elle serait même curieuse d'assister à un de ces cours... Tiens, elle garda cette idée dans le coin de sa tête. « J'ai repris mes études après la naissance du petit. Maintenant, je débute en tant qu'éditrice. » Et elle en était plutôt fière. Après tout, elle aurait pu rester mère au foyer et vivre sur les allocations.. mais non, elle aurait jamais pu avec son caractère d'hyperactive.
La seconde question surprit un peu la jeune femme. Elle ne s'y attendait pas aussitôt. Mais elle ne vacilla pas. Continuant à ancrer son regard vert dans le sien, tout en réfléchissant à la réponse. Mais pour ce genre de question, il n'y a pas 36000 réponses possibles. En général, c'est oui ou non. Et pourtant ce n'était pas aussi simple. Elle savait néanmoins que la réponse n'était pas non. Parce que sinon son cœur ne s'affolerait pas autant par sa présence et le simple contact de sa main. L'expression de Diego en français, poussa Maya à répondre. « Je crois que oui.. » En même temps, qu'elle disait ces mots, ils devenaient une certitude. « Oui, je t'aime encore. Depuis que je t'ai revu, je n'arrête pas de penser à toi, jour et nuit. Et je me rends compte à quel point tu m'as manqué..et que tu me manques toujours. » avoua t-elle en français. Sans s'en rendre compte, elle avait parlé en français. Mais ce n'était pas gênant, puisqu'elle savait que Diego comprenait très bien. Elle serra encore plus fort, la main de Diego. Espérant que son aveu ne le fasse pas fuir. Alors qu'elle demanda d'une petite voix « Et toi ? » M'aimes tu encore ? Question sous-entendue, dont la réponse l'effrayait un peu.

« Éditrice ! Ça te va bien ! » Et c'était la vérité, je la voyais très mal mère au foyer. Elle qui était pleine d'énergie ! Dans mes souvenirs en tout cas. Je la revoyais encore nous faire sortir de l'appartement au moindre petit brin de soleil, juste histoire de faire un tour, de faire quelque chose... Il est vrai que depuis quatre ans je restais souvent enfermé à l'intérieur devants un bouquin ou devants une pile de copies à corriger... A part le dimanche matin où j'allais courir, sinon... Bref, j'étais content pour elle. Et là, paff, la question... Oui et non. Deux mots pourtant simples, de trois lettres à la base inoffensives... Et pourtant... Ils pouvaient changer une vie. Comme dans les mariages, par exemple, où les mariés échangent leurs vœux dans un oui... Là, dans ce salon, je posais cette question : m'aimait-elle encore ? Dans ce contexte ces mots, toujours aussi importants, me plongeaient dans une confusion profonde. Maya me répondit que oui. Étrangement, je me sentais con, elle, elle savait quoi dire et pas moi. Les mots me manquaient, j'étais comme sous le choc, mais dans le bon sens du terme... Je ne m'étais même pas rendu compte que nous nous étions mis à parler en français. J'étais totalement bilingue et comprenais parfaitement ce qu'elle me disait sans faire d'effort particulier. En même temps je n'avais pas le choix avec le métier que je faisais...Enfin bref, je la regardais dans les yeux, sans rien dire... Pas parce que je ne voulais rien dire ou parce que je voulais fuir, mais parce que je ne savais pas quoi dire. Et là ? « Et toi ? » Je me doutais qu'elle allait me le demander pourtant, je fus surpris quand même. Je poussais un petit soupire et réfléchis avant de répondre : « Franchement ? Je n'en ai pas la moindre idée... Je ne dirais pas non, car il m'est impossible de passer à autre chose depuis quatre ans et oui... Je ne sais pas, j'ai tellement souffert après notre séparation... Je ne sais pas où j'en suis... Peut-être que oui, je t'aime, sûrement même. Mais je ne suis pas prêt à recommencer... Tu comprends ? Te revoir... Ça a fait tellement de choses... Il me faut du temps pour reprendre confiance, en toi, en moi... En nous... Puis il y a Enzo... Je viens de découvrir que j'ai un fils. Ce n'est pas rien. Il faut que je digère la nouvelle. Je ne sais vraiment pas où j'en suis et je suis désolé. Je te donne une réponse si vague ! » Je baissais les yeux. Bon... A moi de poser une question... « D'ailleurs, on va faire quoi ? Je veux dire avec Enzo ? Tu veux lui dire ? » Que je suis son père, n'arrivais-je pas à dire. C'était tellement nouveau...

L'éditrice, Maya aussi pensait que cela lui allait bien. Enfin pour le moment, elle savait que c'était ce qu'elle avait envie de faire pour le moment. La demoiselle était impatiente de savoir si Diego l'aimait encore. Impatiente et terrorisée aussi à l'idée qu'il n'y ait plus une seule chance entre eux deux. Elle comprenait que c'était délicat. En partant, elle savait qu'elle avait brisé beaucoup de choses. Mais elle sourit quand Diego disait qu'il l'aimait toujours. C'était déjà un bon début. Au moins, la flamme n'était pas totalement éteinte, seulement très vacillante. Maya va essayer de la refaire vivre. Le temps et la patience seraient ses meilleurs alliés. « Ne t'inquiètes pas, je comprends que tu sois perturbé. Après tout je suis de retour dans ta vie avec un fils un prime et j'imagine que ça fait beaucoup à digérer. Alors, je vais te laisser du temps. » Maya se redressa un peu et sourit à Diego pour le rassurer. Lui montrer qu'elle ne lui en voulait. La seule personne à qui elle en voulait c'était à elle même, pour sa fuite passée. « Promis, beau brun, j'essayerais de ne pas te sauter dessus tout de suite, même si j'avoue que c'est très tentant.. » Finit elle avec une moue mutine. Parce qu'elle venait de se rendre compte, que revoir Diego lui donnait des idées et réveillait le désir passé. Mais non, elle ne devait pas penser à des choses comme ça. Ce n'était pas bien et cela risquait de compliquer les choses.
Changer de sujet était un bon moyen. Enzo. Le lien entre eux deux. « Oui je pense le lui dire. Il m'a déjà posé des questions sur l'identité de son père et je n'aime pas lui mentir ou détourner la conversation. Après tout, il a le droit de savoir qui est son père et toi tu as le droit de le connaître. Enfin si tu le veux. » Maya avait déjà pensé à tout cela. Et elle ne voulait rien imposer à Diego. « Et si tu veux une place auprès de lui, je te l'accorderais volontiers. Et je pense que tu pourrais commencer à le connaître en douceur, en commençant à passer du temps avec nous, en m'accompagnant pour aller le chercher à l'école ou quand on va au parc ou au musée, ou pour simplement jouer avec lui ici...Que tout cela soit progressif pour toi et pour lui. » Et pour elle, mais c'était accessoire. « Qu'en penses tu ? »

J’étais là, bêtement à me dépatouiller avec sa question et tentant à mon possible de répondre à celle-ci alors que je n’en avais clairement même pas la réponse. Un oui ou non aurait pu bêtement suffire mais non. Je soupirais doucement en l’entendant me dire qu’elle comprenait. J’étais content qu’elle comprenne parce que j’avais un peu de mal à lui expliquer ce que je ressentais en ce moment. C’était tellement flou pour moi. Elle, elle avait su me dire oui, alors que moi j’en étais incapable, j’avais trop de chose dans la tête pour tirer mes sentiments au clair. Je lui souris, oui, c’est tout à fait ça. J’avais besoin de temps. J’avais un petit rire quand elle m’appelait beau brun. « Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit. » Citais-je bêtement. Si je l’invitais à me sauter dessus ? Peut-être. Si j’en avais envie ? Absolument. Le faisais-je ? Non. Il est vrai que moi aussi, en la regardant, il m’arrivait d’avoir envie de l’embrasser, de la prendre dans mes bras… Je ne savais pas quoi faire sur le moment et pourtant il fallait avouer que c’était tentant. Mais non, je ne bougeais pas, me contentant de tenir sa main, de la caresser et de relancer le sujet sur Enzo, notre fils. « Oui, j’aimerais beaucoup le connaître, passer un peu de temps avec lui… Je pense que tu as raison, en douceur c’est bien. Bonne idée ! » J’aurais été déçu si elle m’avait dit non, mais je savais très bien Maya n’était pas ce genre de femme. Elle n’allait pas priver un fils de son père et un père de son fils. Surtout s’il venait juste d’apprendre son existence. « Comment tu t’en es sorti avec lui pendant ces cinq ans ? » Demandais-je. Oui, elle était partie toute seule et je ne savais pas où elle était allé. Gérer une grossesse et un bébé sans l’aide de personne ça n’avait pas dû être facile tout les jours, j’imaginais. Bon sang ! Que j’aurais voulu être là ! J’aurais pu l’aider, si seulement elle n’était parti ! Mais bon, ce qui est fait et fait et je ne voulais pas remettre ça sur le tapis juste en savoir un peu plus sur sa vie et sur celle du petit garçon.

Oui elle était tentée. Vraiment. Regardant son ex, Maya se rendait compte à quel point ses lèvres, sa peau et sa présence lui avait manqué. Mais malgré cette envie, elle ne voulait pas le brusquer. Elle comprenait qu'il soit perturbé par son retour. La citation lui tira un sourire. « Ce cher Oscar Wilde et son portrait de Dorian Gray. Une réussite... » disait elle doucement. Comme si cela avait été le jeu de trouver la citation. Alors qu'elle se demandait si Diego l'invitait à agir avec cette citation ? « Serait ce une invitation Señor Vincente ? » Pour le moment, elle laissa cela de coté. Le sujet d'Enzo lui permit de se concentrer sur autre chose, de rester sage. Le père devait apprendre à connaître son fils et inversement. « C'est génial que tu sois d'accord. Tu n'auras qu'à me dire ce que tu veux faire avec lui et on verra. Bien sur tu pourras le voir seul, je veux pas t'imposer ma présence. » Si des fois il en avait assez de la voir . « Mais au début, je préférerais rester. » Pour voir le comportement de son fils avec Diego, vérifier que tout allait bien, juste par précaution. Maya soupira légèrement avant de répondre à la dernière question de Diego. Comment résumer cinq ans d'une vie ? Pourtant elle se lançait.
« J'ai eu la chance d'avoir pu compter sur ma famille. Malgré tout les reproches que j'ai pu avoir, pour me retrouver enceinte et surtout sans mari. Mon père ne pouvait pas ne pas aider sa fille et son futur descendant...Du coup, je suis retournée dans ma chambre d'enfant, aménagé durant ma grossesse. En échange, je faisais un peu de secrétariat et d’accueil dans l'entreprise de mon père. Comme ça, j'avais un petit salaire, de quoi pouvoir acheter tout ce qu'il fallait. Et c'est dingue le nombre de chose qu'un enfant à besoin. J'ai travaillé durant quasiment toute ma grossesse. J'avais un poste aménagé, être la fille du boss, ça aide. Puis à la naissance d'Enzo, toute ma vie a été chamboulé. J'ai découvert en moi mon instinct maternelle, une force incroyable. Je refusais que quiconque s'occupe de lui. J'étais crevée, mais j'assumais. Je collais mon rythme au sien. Je crois que durant les premiers mois de la vie d'Enzo, j'étais seulement une mère. Sa vie comptait plus que la mienne et mon temps tournait autour de lui. Certes c'est toujours le cas maintenant, mais j'ai appris et compris qu'il fallait aussi que je pense un peu à moi. Car même si j'étais heureuse de m'occuper de lui, il me manquait quelque chose. Quelque mois après sa naissance, j'ai pris conscience que je ne pouvais pas rester ainsi. J'avais l'impression d'étouffer en étant encore chez mes parents et cela m’énervait d'être encore dépendante d'eux. Je voulais me débrouiller seule, mais je ne pouvais pas partir comme ça, sans formation ou emploi rémunérateur. Du coup, j'ai décidé de reprendre la fac, n convaincant mon père que je pourrais gérer avec Enzo et les cours. Alors j'ai repris un cursus à San Sebastian. Cela n'a pas été simple. Mais j'ai pu faire garder Enzo pour aller en cours. Et une fois à la maison, je m'occupais de lui et je bossais quand il dormait. Et j'ai réussi, malgré qu'il soit malade et que je fasse des nuits blanches avant les épreuves . Une fois le diplôme en poche j'ai fait diverses demandes. Et une boite m'a répondu, du coup me voilà éditrice débutante à Barcelone. » Elle avait parlé d'une traite. Se rendant compte, qu'elle avait réussi à s'en sortir malgré les obstacles. Elle en était fière, même si de nombreuses fois elle aurait préféré être avec Diego pour affronter les difficultés du à l'arrivée d'un enfant. « Tu sais de nombreuses fois, j'ai failli t'appeler pour te parler de lui, pour te demander de me pardonner.. Mais j'ai jamais pu le faire. » Parce qu'elle avait eu peur de la réaction de Diego. « Tu crois que tu pourras me pardonner, un jour ? »

Pourquoi ? Pourquoi je venais de balancer Wilde comme ça ? Elle me demandait si il s’agissait d’une invitation. Un petit sourire se dessinait sur mes lèvres et je haussais les épaules. « Peut-être. » À vrai dire, je n’en savais vraiment rien. Oui, j’avais envie de l’embrasser et tout, mais était-ce le moment ? Je veux dire n’était-ce pas trop tôt ? Je n’en savais rien, si bien que nous changeâmes de sujet et nous mîmes à parler d’Enzo. J’étais heureux à l’idée de pourvoir passer du temps avec mon fils. Et avec Maya aussi… Je souris de nouveau.« Je comprends que tu préfères rester et puis ce sera plus marrant à trois. » Puis je posais une question, changeant de nouveau de sujet, l’interrogeant sur sa vie depuis cinq ans. Cinq ans, où je n’avais pas été là, alors que ça aurait été plus facile pour tout le monde. Où j’aurais voulu être présent… Bien sûr, je n’en voulais pas à Maya d’être partie, elle avait peur, je comprenais. Je n’étais pas stupide au point d’être fâché contre elle, ce n’était pas de sa faute. Ou du moins pas complètement. C'était de la mienne. Seulement, j’étais déçu, de ne pas avoir été là pour elle. De ne pas avoir pu l’aider. C’était le rôle d’un père après tout. « Je suis désolé, j’aurais voulu être là… Je suis désolé, je n’aurais pas dû te mettre la pression… J'aurais dû comprendre et être là... » Oui, je m’en voulais. Souriant je rajoutais : « Tu es une mère formidable ! » Je passais un bras autour de ses épaules alors qu’elle disait qu’elle avait failli m’appeler. Elle aurait dû… Je ne lui en aurais pas voulu. Puis, elle me demandait si j’arriverais à lui pardonner un jour. Je reculais et pris sa tête entre mes mains, lui caressant doucement la joue. « Écoute, je ne t’en veux pas. Vraiment, arrête de croire que tu as quelque chose à te faire pardonner. Je comprends pourquoi tu as agi comme ça et c’est déjà tout pardonné. Je ne t’en veux pas Maya. Si je ne sais pas où j’en suis c’est parce que depuis que tu es parti je ne suis plus qu’une coquille vide. Que je ne suis que douleur, que peine. Je ne savais pas pourquoi tu étais partie et c’était de ma faute. Il me faut du temps pour reprendre confiance en moi. Arrête de culpabiliser, ce n’est pas ta faute, tu n’as rien à te reprocher. » Dis-je en plongeant mon regard dans le sien. Puis, là, sans savoir pourquoi, je l’embrassais, laissant aussi couler une larme le long de ma joue. Ça faisait tellement longtemps… Elle m’avait tellement manqué !

Sourire mutin qui se dessinait sur le visage au teint pâle de Maya. Alors que Diego lui disait qu'il voulait peut être la tenter..La tentation semblait être présente pour l'un et pour l'autre, mais aucun ne se décidait à passer à l'action de peur de compliquer les choses. Diego était d'accord pour passer du temps tout les trois. De fort instants en prévision, elle avait hâte de les vivre, pour voir la réaction d'Enzo et en même temps elle appréhendait un peu. Puis elle lui expliqua comment elle avait vécu ces cinq années seule avec son fils. Le fait que Diego s'excusait la toucher vraiment. Mais elle n'était pas entièrement d'accord. Elle avait aussi sa part de responsabilité dans cette histoire. Parce que elle se sentait toujours coupable. Et cette culpabilité ne voulait pas s'effacer. Elle se laissa aller contre le bras de Diego. « Je ne sais pas si je suis formidable. Mais en tout cas, j'essaye de tout faire pour son bonheur. Et tu pourras m'aider, dorénavant.» Ensemble pour le bien de leur fils. Mais aussi ensemble, pour leur bien à tout les deux ? Cette idée ne déplaisait pas à Maya. Pour cela, elle avait voulu savoir si Diego lui pardonnerait un jour. Sentir ses mains contre ses joues, Maya regardait Diego. Se plongeant dans son regard intense, alors qu'il lui disait la comprendre et la pardonner. Entendre ces mots avait un effet apaisant, comme si le poids de la culpabilité se réduisait, mais ne disparaissait pas, à cause de la douleur qu'elle lui avait causé. Mais elle ne put répondre. Quand elle sentit les lèvres de Diego sur les siennes. Fermant les yeux, pour mieux savourer l'instant, le goût et la chaleur des lèvres masculines, elle répondit au baiser avec tendresse. C'était tellement bon, inespéré. Maya avait l'impression de revivre, de sentir son cœur à nouveau battre. Elle s'écarta légèrement, afin de leur permettre de reprendre leurs souffles. Maya passa une main sur sa joue, essuyant cette larme avant de déposer un tendre baiser. Ses yeux aussi devaient briller d'émotion. Sa main glissa dans les cheveux bruns. « Comment veux tu que je ne culpabilise pas, alors que je t'ai fait souffrir ? Hm ? » souffla t'elle doucement. « Et je peux pas te laisser dire, que c'est de ta faute....Cela serait injuste.» Et Maya n'aimait pas les injustices. « Je crois qu'on a tous les deux des tords, dans cette histoire. Faut qu'on apprenne à les surpasser. Ok ? » Alors qu'elle goûtait à nouveau à ses lèvres qui lui avaient tant manqué. Se délectant de ce tendre baiser dont l'intensité doublait à chaque instant. De nouveau elle s'écarta légèrement, appuyant son front sur celui de Diego. Maya passa une main sur le torse masculin et l'arrêta là où le cœur devrait se trouver. « Je n'aime pas l'idée que tu sois un coquille vide. » Même si cela voulait aussi dire, que personne ne l'avait remplacé et une partie d'elle s'en réjouissait, égoïstement. « Tu ne mérite pas ça. Je vais essayer de faire disparaître la douleur et la peine, que j'ai causé. Je vais te réparer et Enzo va m'aider. D'accord ? » le pouvoir de l'amour pouvait faire des miracles, Maya n'en doutait pas une seconde. Elle déposa un baiser sur son front, sur le bout de son nez et sur ses lèvres. Avant de se blottir tout contre lui, calant sa tête sur son épaule, pour lui faire un câlin et profiter de son odeur et de sa présence. Elle n'aurait donné sa place pour rien au monde...

« Je le ferais avec plaisir. » Oui, je voulais l’aider. Rattraper le temps perdu comme on dit. Alors, je lui expliquais qu’elle ne devait pas culpabiliser puis je l’embrassais. Fermant les yeux, je savourais ses retrouvailles tant espérées. C’était tellement bon de la tenir contre moi… Laissant mon esprit dans un brouillard total, je n’arrivais plus à penser, à réagir, je ne sentais que sa bouche douce et sucré sur ma bouche. Je ne savais pas pourquoi j’avais fait ça mais je le referais sans hésiter. Puis elle reculait, nous permettant de reprendre notre souffle. Je laissais mes yeux plonger aux fonds des siens, ils étaient pleins de tendresse, mais j’avais l’impression qu’ils étaient autant troublés ou perdus que les miens devaient l’être. Elle essuya la larme sur ma joue et je hochais la tête. « Ok… » Oui, il fallait qu’on apprenne à les surpasser. Elle avait raison. Elle recommença à m’embrasser et un frisson me parcourut tout le corps et je passais mes mains sous son t-shirt, lui enserrant encore la taille et la rapprochant un peu plus de moi. Doucement, je lui caressais le bas du dos alors qu’elle m’expliquait qu’elle n’aimait pas que je sois une coquille vide. « D’accord. » Je ne disais rien de plus. Si j’avais besoin d’aide ? Peut-être que oui, peut-être que non. Mais en tout cas j’acceptais la sienne à bras ouverts. Quoi de mieux que l’attention de celle qui vous a détruit pour vous reconstruire ? En plus il y avait Enzo… J’avais hâte de participer à leurs sorties. J’avais conscience que j’allais un peu perturber leurs habitudes donc je comprenais pourquoi Maya voulait y allait doucement, mais c’est vrai que j’étais pressé d’y être. Après cinq ans seulement tous les deux ça allait leurs faire bizarre d’avoir une troisième personnes avec eux dans leurs balades par exemple, mais j’avais la conviction que tout allait bien se passer. Souriant, je la serrais dans mes bras, lui caressant les cheveux alors qu’elle posait sa tête sur mon épaule. « Pourquoi Enzo ? » Demandais-je. « Le prénom ? C’est français, non ? »Je venais juste de me poser la question, pourquoi avoir choisi ce prénom-là ? Un grand père ou un arrière grand père qui s’appelait comme ça peut-être ?

Le sentir près d'elle, contre elle, rendait Maya fébrile et surtout heureuse. Elle qui avait eu si peur de l'avoir perdu à jamais. Dorénavant, elle l'avait sous ses doigts et sous ses lèvres. Elle sentait son propre cœur battre la chamade, comme si il s'était réveillé d'une grande hibernation. Maya voulait à aider Diego à se reconstruire. Après tout c'était elle qui l'avait abandonné, mais elle était revenue et ne comptait pas le lâcher. Blottie contre lui, elle profitait de sa présence. « C'était le prénom de mon arrière grand père, un homme sage et bon qui adorait me lire des histoires. Et quand il a eu ces problèmes de vue, c'est moi qui lui lisait des histoires. Il était génial» Elle souriait aux bons souvenirs avec cet aïeul. Elle s'était toujours bien entendu avec lui. « C'est un prénom d’origine italienne. Je voulais un beau prénom court et qui sonnait bien. » répondit elle avant d'ajouter un détail. « Et son deuxième prénom c'est Dante. Tu aimes ces prénoms ? » demanda t'elle curieuse. Même si c'était un peu tard pour changer les prénoms de l'enfant. Sa main parcourait le torse de Diego à travers son habit. Elle resta un moment silencieuse, rêveuse aux futurs moments qu'ils pourraient vivre ensemble. Comme avant, ou presque parce que maintenant un mini eux entrait dans l'équation . « Tu voudras faire quoi pour notre première sortie tout les trois ? » l'interrogea t'elle. « Le parc ? Le zoo ? Le musée? La plage ? » Tant de possibilités. « Je te laisse le choix » précisa t'elle. Moyen de concrétiser un peu plus cette idée, avant la rencontre réelle entre le père et le fils.
Après lui avoir laissé le temps de répondre, Maya posa un baiser dans le cou masculine, remontant lentement jusqu'à accaparer à nouveau ses lèvres qui lui avaient tant manqué. C'était plus fort qu'elle comme si elle était attiré. Mais elle n'avait pas vraiment envie de résister.

Tout le monde à tendance à appeler son fils ou sa fille par le prénom d'un aïeux. Une coutume qui se faisait souvent, même moi j'y avais eu droit. Rafael, mon deuxième prénom me venait du père de ma mère adoptive, on me l'avait donné le jour de mon adoption. Ça ne me dérangeait pas, mais de cette façon, la réponse de Maya ne me surpris pas. Enzo, le prénom de son arrière grand-père, je comprenais. « Je me disais aussi que ça ne sonnait pas français... » Lâchais-je avant qu'elle ne me demande si j'aimais. « Oui, j'aime beaucoup. » Même si c'était trop tard pour changer, je lui disais la vérité. Et puis de toute façon même si j'avais été là, je n'aurais pas eu de prénom à lui donner. Ne connaissant pas mes vrais parents et n'en ayant pas d'autre que le mien dans mes grands-parents adoptifs. Je souris et réfléchis... Que pourrions-nous faire pour notre première sortie tous les trois...Bonne question... Très bonne question... « Hum... Le parc ça pourrait être une bonne idée ? Ce n'est pas très original, mais c'est un début... Tu veux faire ça quand ?» Nous trouverions bien un meilleur truc plus tard et j'avais hâte de passer ce moment avec Maya et mon fils, j'espérais que je n'aurais pas très longtemps à attendre.

Puis elle déposa un baiser dans mon cou, je frissonnais et l'embrassais à mon tour. Je me perdais sur ses lèvres, si douces... Je ne faisais plus attention au reste, dans ma tête un bonhomme ne cessait de répéter : Bouche, lèvres, bouche, lèvres... Je me fichais de ce qui pouvait bien me tomber dessus et même si le ciel me tombait sur le crâne, je crois que je ne m'en serais pas aperçu. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et nous dûmes nous reculer pour pouvoir respirer un peu. Là, je me levais et commençais a me diriger vers la sortie. « Je devrais y aller... » Rien ne m'attendais à mon appartement, seulement, je ne voulais pas aller trop vite avec la jeune femme. Il me fallait du temps pour recommencer à me conduire normalement avec elle.

Les prénoms lui plaisaient. Maya était ravie de l'apprendre, elle avait donné un peu de son histoire familiale avec ses prénoms. Ainsi elle pourrait la partager avec son fils et lui parler de ces aïeuls quand il sera en âge de s'y intéresser. Elle hocha la tête pour acquiescer quand il choisissait le parc.
« Mais si ça sera original, parce que ça sera la première fois qu'on ira tout les trois et que tu pourras jouer avec Enzo. Puis pour un début, c'est bien aussi de faire simple. » Elle le pensait vraiment. Elle avait hâte de voir ce que ça allait donnait. « On peut faire ça dans la semaine, le plus tôt possible. Pourquoi pas mercredi, ou demain? » Le jour importait peu en fait, mais il fallait bien fixer une date. Organiser la rencontre, même si il n'y avait pas grand chose à préparer de toute manière.

Et Maya se rapprocha pour l'embrasser, se perdre dans ses bras. Lèvres contre lèvres, elle sentait une partie d'elle revivre. Le temps, l'espace tout cela n'avait plus d'importance, ce qui importait à cet instant c'était Diego et cette étreinte encore très sage. Alors qu'ils s'écartèrent pour respirer, chose néanmoins essentielle. Diego se leva. Maya fut un peu déçue de ne plus le sentir contre elle, de le voir s'éloigner d'elle. Mais elle cacha sa déception car elle comprenait qu'il ne veuille pas brûler les étapes. « Si tu le dis.. » Preuve qu'elle n'était pas convaincue, même si elle comprenait. Elle se contenta de se lever à son tour, pour aller griffonner quelques choses sur un bout de papier. En l’occurrence son numéro de téléphone portable, qu'elle lui tendit en se rapprochant de lui. « Tiens, comme ça tu pourras me contacter à tout moment. Et de toute manière, tu peux revenir quand tu veux.. » C'était quand même pratique de vivre dans le même immeuble.. Puis Maya déposa un doux baiser au coin des lèvres masculines. « A très vite alors. » souffla t'elle, alors qu'elle était encore très proche de lui et qu'elle ne quittait pas ses yeux du regard.

Oui, la première fois que nous allions sortir tous les trois, ce serait déjà bien original, elle avait raison… J’avais vraiment hâte d’y être… Quand elle me proposa de faire cette sortie le lendemain, je sautais limite de joie. « Bien sûr ! Demain ce serait génial ! » Comme ça nous n’aurions pas beaucoup de temps à attendre. J’étais tellement heureux ! J’allais aller au parc avec mon fils et sa mère ! Mon fils mon sang ! Waw… J’avais vraiment du mal à réaliser… « Je passerais ici en début d’après-midi, ok ? » Et voilà, c’était organisé… je lui souris, avant de l’embrasser encore une fois, tellement j’étais content.

Si j’avais envi de partir ? Non, pas vraiment, j’avais une affreuse envie de continuer à l’embrasser, encore et encore… Mais il ne fallait pas que je le fasse, parce que j’avais peur… Peur de comment tout ça allait finir. Peur de ne plus pouvoir repartir. Peur d’elle aussi. Pourquoi peur d’elle ? Parce qu’elle réveillait en moi des sentiments que j’avais essayés d’oublier, que j’avais repoussé pour ne pas souffrir. Et j’avais peur que si jamais ils remontaient trop à la surface, de resouffrir encore plus qu’avant. Et ça avait déjà été atroce la première fois. La confiance, c’est ça qu’il me manquait. En elle, en moi… Et je lui avais déjà dit, j’avais besoin de temps. Ne pas aller trop vite, j’en avais vraiment besoin. Je me levais donc, espérant de tout cœur qu’elle comprendrait et qu’elle ne le prendrait pas pour elle. Quand je plongeais mon regard dans le sien, j’y vis le peu de déception qu’elle ne parvenait pas à cacher. Peut-être que c’était égoïste de ma part, mais ça me fit plaisir. Parce que si elle était déçue que je parte, ça voulait dire qu’elle m’aimait vraiment… Puis, alors que je reprenais mes quelques affaires que j’avais prises avec moi, c’est-à-dire mes clefs et mon portable, elle me tendit un bout de papier. Son numéro… Je lui fis un grand sourire en le fourrant dans ma poche: « Merci ! » Ensuite elle déposa un baiser au coin de mes lèvres… « À très vite, je reviens demain. » Dis-je en lui faisant un petit clin d’oeil. Profitant qu’elle soit encore très poche de moi, je passais mes mains dans son dos et la rapprochais encore un peu plus avant de l’embrasser encore une fois. Je ne pouvais pas m’en empêcher… Puis je reculais et sans ajouter un mot, je sortis de son appartement, regagnant le mien où je m’affalais sur mon lit en contemplant le plafond et en réfléchissant à tout ce que je venais d’apprendre.

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» + and when you need a place to run to for better for worse, i got you - feat maya/esmeralda
» Pour que ce jour compte. Rendez-vous sous l’horloge. Ou au restaurant. - Maya

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