Si j’avais pu deviner ce à quoi ressemblerait ma journée aujourd’hui, je ne me serais probablement jamais levé et je me serais fait passé pour malade au boulot. Cependant, n’ayant pas le don de prédire l’avenir, je sortis de mon lit avec bonne humeur lorsque mon réveil sonna à sept heures du matin. J’eu la bêtise de croire que ma journée serait belle, ne me doutant pas une seule seconde de toutes les mésaventures que j’allais rencontrer. Alors que je me dirigeais vers la porte de ma chambre pour aller boire mon café dans la cuisine, le premier malheur arriva. Je me cognais violemment le petit orteil au bord de mon lit avant d'émettre un juron de douleur. Lorsque je me rendis compte que j’avais crié, je plaçais immédiatement ma main devant ma bouche, ne désirant pas réveiller ma colocataire qui dormait encore à poings fermés dans la chambre voisine. Ce petit incident pouvait paraître certes médiocre, mais ce fut l'élément déclencheur d'une série d'autres accrocs. Optimiste, désireux de ne pas me laisser si facilement abattre dès le réveil, je passai outre ce douloureux évènement et continua mon chemin à pas de loups vers la cuisine pour me servir un bol généreux de caféine. Cependant, lorsque je saisis de la bouteille de lait dans le frigo et m'apprêtai à la verser dans ma tasse, je m'aperçus qu'il n'y avait même plus une goutte de liquide dans la boîte. Rageant entre mes dents contre Lula dont ce n'était pas la première fois qu'elle me faisait le coup, j’allai fouiller dans le placard dans l'espoir de trouver des réserves, ce qui ne fut bien évidemment pas le cas. Tentant de contrôler l'élan de mauvaise humeur qui déjà commençait à monter en moi, je saisis un marqueur et rajoutais en grand sur la liste des courses accrochées sur le frigo : LAIT! Je pris ensuite une grande respiration afin de ne pas laisser les émotions négatives s'emparer de moi... D'un pas assuré, je retournai dans ma chambre pour enfiler mes vêtements et aller au boulot. Le trajet jusqu'au boulot ne fut pas de tout repos non plus, puisque je manquai de me faire écraser par une voiture qui ne m'avait pas vu et me fit rentrer dedans par un gamin qui courait pour aller à l'école. « Non mais c'est pas vrai! », m’exclamais-je, me décourageant petit à petit alors que j'approchait de mon lieu de travail. Au boulot, le sort continua à s'acharner contre moi puisque, comme d'habitude, les élèves ne s’installèrent pas calmement à leurs places, non, ils foutaient un bazar pas possible et après se plaignaient de leurs mauvaises notes. Pendant la pause, j’allais prendre un café pour pouvoir tenir le coup toute la journée. Devant la machine à café, je discutai deux trois minutes avec Sarah, la professeur de Mathématique de l’université. Soudain, plus de lumière. Les plombs avaient pété, provoquant une coupure momentanée du courant. Paniqué, je fonçai dans ma classe et oui, je n’avais pas sauvegardé le cours que je venais de préparer pour mon cours suivant. « C'est une grosse blague ou quoi ? », criais-je en signe d’agacement. Cinq minutes plus tard, l'électricité se relança, mais il n'y avait rien à faire : mon travail était perdu et il allait falloir tout recommencer depuis le début. Je poussais un long soupire. « Et c’est reparti ! » Les heures passèrent et je passai ma journée à travailler sans relâche, grognant dès qu'un élève bougeait, personne venait m'interrompre une seconde fois pendant le cours. Mes collègues comprirent vite qu'il fallait me laisser tranquille aujourd'hui et m'évitèrent avec soin. Cette journée que j’avais envisagée de manière si joviale, avait tournée au vinaigre. 17h30 arrivèrent et je reçu un SMS de ma coloc’ : Diego, je sors ce soir, je ne rentrerais sûrement pas. Si tu pouvais acheter du lait, il n’y en a plus. Dépité, j’enfonçai ma tête dans mes mains. Je posai mon regard sur mon ordinateur, puis sur la salle vide. J’étais trop épuisé pour encore réfléchir et j’abandonnais ma tentative qui consistait à corriger des copies et partis acheter du lait au supermarché. Plus vite ça serait fait, plus vite je serais chez moi. Je poussais la porte et partis tout de suite direction le rayon crèmerie. J’étais tellement pressé que je percutais une jeune femme et rependis tout le contenu de son sac sur le sol. Je me baissais et m’excusais : « Je suis vraiment désolé ! » En relevant la tête je reconnus ma voisine la plus proche. « Oh ! Mathéa ! Je ne t’avais pas reconnu ! »

Ma journée avait vraiment mal commencé. Entre le lait et tout le reste, je n’en pouvais plus. Pourtant il était encore tôt, 17h30, et j’étais déjà crevé. En soupirant, je partis faire ma petite course au supermarché avant de pouvoir enfin rentré me reposer dans mon appartement. Vite fait bien fait j’entrais dans le magasin et me dirigeais à la hâte vers le rayon crémerie. C’était sans compter sur la jeune femme que je percutais sans faire exprès. Je répandis tout le contenu de son sac sur le sol et me baissais pour tout ramasser. En me relevant je reconnu Mathéa, ma voisine de droite directe. Je lui souris. La dernière, et aussi la première, fois que j’ai vue Math, je venais de la découvrir couchée sur mon canapé. Ce jours-là, j’avais oublié de fermer l’appart’ à clefs et elle s’était trompé de porte en rentrant complètement ivre d’une sortie. Quand je l’avais réveillé, elle n’était pas dans un très bon état et avait vomi dans ma poubelle. Ce qu’elle appelait : maladie était en réalité une énorme gueule de bois. « Ahahah ! Oui ! Mais tu as l’air d’aller beaucoup mieux aujourd’hui ! » Lui répondis-je en riant. Ensuite, je regardais autour de nous et mon regard se posa sur une poussette près de ma voisine. Doucement, je m’en approchais et observais le petit bonhomme à l’intérieure. Je l’avais déjà vu quelque part… Presque immédiatement, je reconnus le bébé que j’avais vu sur la photo que ma charmante voisine m’avais montré l’autre jours. Je me retournais vers cette dernière et demandais : « C’est lui le petit Théo dont tu m’a parlé l’autre jour ? Ton fils ? » Il fallait bien avouer qu’il avait les yeux de sa mère quand même… Il faut dire que je n’avais encore jamais vu le père. Ou peut-être que si, mais je ne savais tout simplement pas que c’était lui. Étant donné que Math ne m’avait jamais dit comment il s’appelait ni comment il était. En même temps qui irait raconter sa vie à son voisin ? Surtout si on venait juste de le rencontrer. Mis à part des gens vraiment bizarre ou fou ? Tout de même, j’étais curieux. Alors je rajoutais en restant poli : « Heu… C’est peut-être indiscret, mais comment s’appel son père ? »

Moi je l'aimais bien Mathéa. Même si je ne la connaissais pas vraiment beaucoup je la trouvais sympathique. Après tout ne nous étions pas revu depuis le jour de notre rencontre des plus surprenante et nous n'avions pas vraiment eu l'occasion de trop se parler à ce moment-là donc... Je m'étais d'ailleurs mis à la tutoyer sans m'en rendre compte. Cela ne semblait pas la déranger donc je continuais. « Je t'ai déjà dit que ce n'était pas grave. Et puis de toute façon ma poubelle était horrible donc... Y a pas de mal ! » Puis je me dirigeais vers la poussette et souris au petit Théo. Et dire que moi aussi j'étais papa... Enzo... Je venais juste de l'apprendre alors que mon fils venait de fêter ses cinq ans... Et le pire, c'est qu'il ne savait pas que j'étais son père.. Je rencontrais par hasard la fille qui m'avait plaqué six ans auparavant dans le hall de l'immeuble et puff ! J'apprenais que j'étais papa... Je commençais seulement à comprendre ce que cela signifiait.. J'avais un fils... De cinq ans... Bref, je poussais un petit soupire. Quelques secondes plus tard, je me retrouvais avec un doudou à grelot sur la tête. Je ris et me retournais vers Matt'. « Ça ferai un bon chapeau ? Non ? Moi je trouves ça classe ! » Plaisantais-je. « Je crois que je pourrais même lancer une mode... ! Les gens aimeraient ! Je suis sûr ! » Puis je me demandais qui pouvait bien être le père de ce charmant petit Théo. Mathéa ne parlais jamais de lui et il ne me semblait pas avoir entendu de voix masculine en provenance que l'appartement voisin. J'aurais dù me douté que c'était un sujet que la jeune femme ne voulait pas aborder, mais il était trop tard, je lui avais déjà posé la question. Elle me répondit qu'il s'agissait d'un certain Andreas... Apparemment il habitait dans le même immeuble que nous. Et pourtant... « Je ne l'ai jamais vu... » Bon.... Je cherchais autre chose à dire pour changer de sujet.... « Tu n'aurais pas croisé une Maya dans l'immeuble ressemant ? » Je me demandais bien si elle connaissait la mère de mon fils...

C’était marrant de voir comment je riais de moi alors qu’au fond, je n’avais pas du tout envie de rire. Je pensais à mon propre fils alors que je jouais avec celui de Mathéa. Le mien avait maintenant cinq ans. Il marchait et j’avais raté ses premiers pas, il parlait et j’avais raté ses premiers mots… Tant de fois où je n’avais pas était là pour lui... Et je m’en voulais parce que c’était de ma faute si Maya était parti sans me donner de nouvelle du jour au lendemain. pour ça je m’en voulais tellement… Je reportais mon attention sur la jeune maman alors qu’elle se mettait à rire, me ramenant à la réalité. Je lui souris et me retournais vers son fils en lui faisant des petites chatouilles : « Comment ça ? Tu ne me laisserais pas tout doudou à grelot ? Même si j’ai l’air super classe avec ? » Je réfléchis quelques secondes et lui rendis : « T’es dure en affaires bonhomme, je n’ai rien à te donner en échange donc je te rend son super doudou-chapeau. Ou attends... Doupeau (mot que je viens d’inventer xD) ça sonne mieux ! » Riais-je avant de poser cette question… Totalement stupide… Non, elle ne connaissait pas Maya. Et puis même si ça avait été le cas ? Qu’est-ce que ça aurait bien pus faire ? Enfin bref… Puis elle me proposa d’aller manger chez elle. Pourquoi pas ? Me dis-je. De toute façon je n’avais rien de prévu ce soir, ma colocataire étant de sortie. Je lui souris une nouvelle fois. « Oui si tu veux. Je te rejoins chez toi dès que j’aurais acheté du lait. Oui, je suis en manque de lait depuis ce matin… Mais j’ai atte de goûter à tes lasagnes ! » Il ne fallait tout de même pas que je perde de vue mon but premier. J’étais venu dans ce supermarché pour acheter du lait et il ne fallait pas que je reparte sans. Sinon je risquais de péter un câble le lendemain matin. Oui, j’avais à tout pris besoin d’adoucir me premier café de la journée. Et alors ? « Part devant, j’arrive. » Dis-je à Mathéa avant de repartir direction le rayon crèmerie.

HRP : On fait un autre sujet pour le repas ou on continu sur celui là ?