Heureusement, tout n'est finalement pas si nul que ça en Espagne. Nous avons beau être en plein hiver, il n'empêche que le temps reste des plus correct et très agréable. Une chance pour moi qui travaille la plupart du temps à l'extérieur. Enfin, travailler est un bien grand mot. Ce n'est pas mon véritable job et heureusement d'ailleurs sinon peut-être me serais-je déjà tiré une balle en pleine tête. Bref, comme toujours, je traine dans la cours centrale de l'Université, terminant de vérifier et de réparer tout ce qui pourrait être utile aux étudiants. On dirait pas comme ça, mais si tous ces morveux d'étudiants ont un certain confort ici, c'est en grande partie grâce à moi... et jamais un merci ! Décidant de m'octroyer une nouvelle pause cigarette, j'en profite pour examiner un peu mon téléphone portable. Non pas celui que j'utilise pour mon vrai job, mais celui que j'utilise en tant que Daisy. Pas de messages, ce qui est plutôt bon signe. Cela signifie qu'Hallibel est resté sagement concentré et attentive durant les cours ou durant ses révisions. La cigarette toujours éteinte entre mes lèvres, je redresse vivement la tête lorsque je reconnais la voix de la jeune non loin de moi. Elle était là, juste un peu plus loin de, en train se faire coller par un jeune homme... Holà, un peu trop à mon goût même. Fronçant gravement les sourcils, je range l'appareil dans ma poche et glisse finalement ma cigarette derrière l'oreille. Sans trop réfléchir, je me lance à la poursuite du bonhomme qui aurait mieux fait de parier sur quelqu'un d'autre. J'attrape et retourne violemment le jeune homme de sorte à ce qu'il se retrouve face à moi. Je me rapproche de se dernier, le fusillant d'un regard assez menaçant. « Elle t'a demandé de la lâché ! Alors tu vas gentiment retourner d'où tu viens, si tu ne tiens pas à ce que ton gros derrière goûte à mon 43... » Connaissant ces sales jeunes trous du cul, je me doute bien qu'il ne va pas en rester là. D'autant plus que je ne suis que le concierge, comme ils disent si souvent... Ahah ! S'ils savaient... Comme je m'y attendais, le jeune homme me dévisagea un instant avec provocation, mais mon regard froid et inébranlable suffit à le convaincre de partir sans un mot. Je m'assure qu'il soit bien parti, avant de relâcher la tension, me rendant compte par la même occasion que mes poings étaient serrés et prêt à être utilisé. Heureusement que j'arrive un temps soit peu à me maitriser, me connaissant, je suis réellement capable de partir vite en sucette. Plus vite que je ne l'aurai cru d'ailleurs... Ou est-ce pour une raison spécifique ? Me retournant, c'est le regard d'Hallibel que j'affronte cette fois. Elle allait certainement avoir du mal à croire ce qu'il venait de se passer sous ses yeux. Me rapprochant d'elle de quelques pas, le naturel revint aussitôt au galop, peut-être dans l'espoir de camoufler un peu ce geste chevaleresque que j’eus à son égard. « Qu'est-ce que t'as encore foutu l'asperge ? » N'ayant pas vu la scène depuis le début, je me pose forcément la question. « On se fait dragouiller maintenant ? C'est nouveau... »

Je suis plutôt fier de mon coup, très fier même. Pour une fois, je n'ai même pas eu besoin de casser un nez ni de faire tomber plus d'une dent et c'est tant mieux car je ne suis pas ici pour me faire remarquer. Bien au contraire. Quelle ironie tout de même... je suis tout sauf le genre de mec à être discret et sans problème et c'est à moi d'être le plus discret possible. Comme quoi, un biker peut faire de la danse classique. Bref... à peine je viens de me débarrasser de ce gros lourd, que je ne peux m'empêcher d'être con. Oui comme elle ne manque pas de me le balancer d'ailleurs... « T’es aussi con que l’autre. Si t’es venue me sauver la mise pour ça, ce n’est pas la peine. » Rha mais quel caractère... Elle pourrait tout de même me dire merci ! Son père aurait tout de même pu m'avertir qu'elle est dix fois plus susceptible que lui a pu l'être... Je la regarde un instant avec des gros yeux et quelque peu frustré de ne pas avoir eu la réponse à mes questions. Car oui, aussi étonnant que celui puisse être, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réponde "ça". Après tout elle a l'habitude que je sois un enfoiré, non ? « Merci sinon au passage. » Elle s'approche prêt de moi avant de me bousculer d’un coup d’épaule avant de reprendre sa route. Entrouvrant légèrement la bouche, je tourne les talons sans la quitter une seconde des yeux. « Non mais je rêve... HEY attends une minute ! C'est comme ça que tu comptes me remercier ? » Haussant légèrement les sourcils, je prend sur moi pour ne pas faire mon éternel regard pervers bourré de sous-entendus et d'insinuations. Me pinçant la lèvre inférieure, je tente pour une fois de prendre des pincettes... enfin j'essaye. « Même pas tu m'inviterais à boire un verre ? » Hein ? Mais qu'est-ce que je viens de dire ? Comme quoi il vaudrait mieux que je laisse mon côté pervers contrôler ma langue... quoi que. Bon si jamais elle accepte il est évident que, malgré le démon que je suis, je l'inviterai. Mais allait-elle le comprendre ou me prend-elle réellement pour un monstre ? J'opterai plus pour la deuxième réponse bizarrement... A mon tour, je me rapproche doucement d'elle un sourire malicieux aux coins des lèvres. « Allez... je sais que t'as plus cours à l'heure là. Profites-en, pour une fois que je suis d'humeur à te supporter et que je n'ai aucun taff à te donner... » Ça peut paraître étrange, mais il est vrai que je serai bien tenté de voir ce que ça pourrait donner elle et moi, seul à seul et en dehors de "boulot". Chose que j'ai bien souvent envie de vivre avec elle quand je suis dans la peau de Daisy.

« Si tu payes je veux bien accepter. Je n’ai pas d’argent. » Ooh mais c'est qu'elle me ferait presque de la peine cette petite. Non sérieux, c'est pas marrant de ne pas avoir assez de fric pour se payer même un petit café à la cafétéria de sa fac. Café qui n'est pas le plus cher du monde ni le meilleur d'ailleurs. Son père me tuerai s'il savait tout ce que je fais endurer à cette pauvre nenette. M'enfin... Je suis sur la bonne voie pour le moment non ? « Et j’aimerai rectifier quelque chose, c’est pas toi qui me supporte, c’est moi qui doit te supporter. Ne te pose pas en victime espèce de pervers ! » Sans même trop savoir où elle m'emmène, je la suis sans me poser de question, bien trop occuper à avaler une fois encore son arrogance. Non mais c'est qu'elle commencerait à prendre de l'assurance... De mieux en mieux. Mais le fait qu'elle me traite de pervers m'offusquerai presque... je dis bien presque. Au lieu de ça, j'en rigole en bon provocateur que je suis. « What ? Pervers ?! Non mais j’hallucine... C'est pas comme si j'avais déjà essayer de mater ce qu'il y a sous tes jolies p'tites jupes à fleurs... » Levant les yeux au ciel tout en essayant d'éviter son regard. J'arrive à cacher à merveille mon véritable travail, mais décidément pas mon côté pervers. Qu'elle ne se pose pas en victime non plus, les filles aiment les pervers ! « T’as employé un autre larbin pour avoir fini ton boulot si tôt ? » Marchant à ses côtés, voilà qu'elle recommence à me poser des questions. Ce qui est plutôt bon signe... La regardant un instant, j'arque légèrement un sourcil avant de lui répondre toujours un peu sur le ton de la plaisanterie. « Une, plus précisément... Très mignonne et très obéissante, comme je les aimes... » Lui faisant un petit clin d’œil, je ris légèrement de mon humour pervers. Oui bon là c'était juste pour voir sa réaction et la rendre un petit peu jalouse... si jalousie il peut y avoir. Et d'un autre côté j'esquive la véritable réponse à cette question. Je prends vraiment plaisir à la taquiner. Même si ça peut paraître violent ou lourd, dans le fond, qui aime bien châtie bien. Entrant enfin dans le petit café en question, j'observe un instant les lieux constatant avec joie qu'il n'y a effectivement pas grand monde. Je laisse Hallibel choisir la table et la place qu'elle veut avant de m'installer face à elle. La dévisageant un instant, difficile de ne pas avouer qu'elle ne manque pas de charme ni de beauté. « Alors... comment se passent les cours ? » Cette question m'écorcherait presque la langue, n'ayant pas l'habitude de poser ce genre de question, aussi banale. Ni d'avoir autant l'air de m'intéresser à quelqu'un...

« Quoi ? Pardon ? C’est quoi ce mensonge… La dernière fois quand j’étais sur l’échelle tu t’es amusé à me dire la couleur de ma culotte… T’es un pervers assume ! Je suis sûre que tu passes ton temps à mater du porno chez toi et à te… Bref. Voilà pourquoi tu as le bras droit musclé, car t’es juste seul, comme d’habitude. » Sans la moindre possibilité de m'en empêcher, je me met à éclater de rire. Non seulement elle commence à se dévergonder, mais serait-ce grâce à moi ? « Primo, j'assume totalement ma perversité contrairement à toi qui fait semblant de détester ça. Deuxio, les pornos c'est pas terrible, j'ai tout ce qu'il faut à mater à l'Université... et tertio, il n'y a pas que mon bras droit qui est musclé ma p'tite...  » Concluant ma réponse avec un petit clin d’œil pervers, cette fois-ci, on peut dire qu'elle l'a cherché. Sinon oui, en effet, je suis bien souvent seul. Mais bon, si elle avait la moindre idée de ce qu'est ma véritable vie... Et pourtant c'est pas l'envie d'avoir un flirt ni une copine qui manque, ça non. « Pervers un jour pervers toujours. Heureusement que tu ne bosses pas dans un lycée, j’aurai pu te dénoncer pour détournement de mineur… » Je soupire. Comme si elle avait que ça à faire que de m'espionner pour savoir si oui ou non je draguerai des mineurs dans un lycée... et c'est surtout pas comme si elle avait les moyens financier pour me faire un procès. D'autant plus que je suis bien plus moyen qu'elle... m'enfin là n'est pas la question. Nous voilà à présent seul à seul, assis l'un en face de l'autre dans un starbuck. Moi en train de commencer à lui poser une question étrange. Enfin non, justement, normale pour une fois. Cela ne manque d'ailleurs pas de la surprendre. Lisant avec facilité la surprise sur son visage, je continue de la fixer, me retenant de lui lancer une petite réflexion "made in Renji". Bah oui, pour une fois que je fais un effort. « Euh… Les cours se passent bien comme d’habitude. Je suis première de ma classe, alors… Et euh… toi ? Le boulot ? » A mon tour d'être quelque peu surpris, ne m'attendant pas à ce qu'elle me pose la moindre question. Comme souvent quoi. M'enfin il semblerait finalement que mon effort soit récompensé. Haussant vaguement les épaules, je commande un café liégeois avant de lui répondre simplement. « La routine... » Le regard dans le vague lors d'un instant, je n'avais vraiment pas grand chose à raconter sur ce "boulot" qui me sers de couverture. Heureusement que c'est pas ma véritable fonction.  Intérieurement, j'étais très heureux de l'entendre me confirmer qu'elle est toujours la première de sa classe. Elle avait de quoi être fière. Je me mordis un instant la lèvre inférieure, scrutant longuement mon interlocutrice avant de me pencher légèrement sur la table. « Bon, maintenant que nous sommes tous les deux en tête à tête, en dehors de tout ce qui est boulot, cours, etc... Peut-être qu'il serait temps de mettre certaines choses au clair. D'autant plus que ça fait un long moment maintenant que j'te supporte... Bon d'accord, qu'on se supporte. » Je m’interromps un instant, le temps que la serveuse vienne nous déposer nos boissons sur la table. Je sors un billet de ma poche et le dépose sur son plateau, un joli petit sourire aux coins des lèvres. « Gardez la monnaie. » Je concentre à nouveau toute mon attention sur Hallibel, avant de reprendre. « Même si tu me démontres le contraire depuis le début, je suis sur que tu ne me déteste pas. Tout comme je suis persuadé que tu n'es pas aussi prude que t'en as l'air... Enfin tout ça pour dire que, l'air de rien, j'ai un bon fond tu sais... » Prenant conscience que je patauge un peu, je fini par déposer une de mes mains autour de ma tasse tandis que l'autre se saisie de la cuillère servant à déguster la chantilly. Pour une fois, je ne voulais plus trop tourner autour du pot et voulais avoir un avis sur ce qu'elle pense de moi réellement. Hey oui, ça commencerait presque à m'importer...

« Le fait que je sois prude ou pas n’a rien à voir avec notre relation, tu es juste un pervers. » Une fois encore, cette catégorisation eut le don de me faire rire. Sincèrement. En effet, je suis pervers depuis la nuit des temps et rien ni personne ne pourra changer ça. A part peut-être un accident vasculaire cérébral et encore, j'en douterai presque... Quoi qu'il en soit, cela semble donc être l'un des seuls point qui la dérange. Ne l'a lâchant pas une seule seconde des yeux, j'attends d'entendre sa véritable réponse. Même si je n'ai pas réellement posé de question, mais en gros, me déteste-t-elle ou non ? Histoire que je sache à peu prêt où j'en suis avec elle... Malgré le fait qu'il y a peu encore, cela ne m'importais peu. « Je n’ai jamais dit que je te détestais… Je voulais rectifier cette partie de ta phrase. Je n’ai pas réelle matière à te détester, t’as l’air d’un gars cool, mais trop pervers à mon gout. » Levant un instant les yeux au ciel, je trouvais qu'elle exagérait un peu beaucoup tout de même. Ne me trouvant pas si pervers que ça... enfin disons qu'il y a pire, non ? Me laissant retomber sur le dossier de ma chaise, je lâche un léger soupire. Au moins, elle ne me déteste pas, ce qui m'enlève déjà une grosse épine du pied et qui m'évite surtout de gâcher une grosse quantité de ma salive à devoir me justifier ou autre. « En fait, avec toi, on ne sait jamais si tu rigoles ou si tu es sincère, tu joues toujours ton rôle de pervers, je ne sais pas quoi penser de toi, je ne sais pas si ta vie se résume à ça, ou si parfois, tu peux juste être un type normal avec qui on peut discuter sans que la perversité n’entre en jeu. » Haussant un de mes deux sourcils, je trempe lentement mes lèvres dans ma boisson que je bois à petite gorgée. Apparemment, il semblerait que je sois un personnage assez confus à ses yeux. Ce qui est à la fois une très bonne chose et une mauvaise. L'observant un instant, je fini également par m'appuyer sur la table, réfléchissant vite et bien à ce que j'allais bien pouvoir lui répondre. Tout en essayant de faire un effort pour introduire à ma réponse aucune allusion perverse. « Si tu espères que je puisse être un type normal, tu te plantes complètement ma jolie... » Je secoue la tête un instant, reposant lentement ma boisson sur la table juste devant moi. J'étais sincère, je n'ai jamais été et ne serai jamais quelqu'un de banal, de simple. C'est ce qui fait en majeur partie ma personnalité. Et généralement, ça plait. « En revanche... contenir ma "perversité", c'est possible. » Un petit sourire prit forme sur le coin de mes lèvres, mais loin d'être pervers. Plutôt sincère même. C'était vrai, il peut m'arriver d'être romantique et poétique... Même si je donne plus l'impression du contraire. Disons que ça reste tout de même du domaine du miracle, mais que c'est possible. Comme lorsque je suis dans la peau de "Daisy". J'étais plutôt satisfait de sa façon de raisonner, ne se contentant pas de juger uniquement ce qu'elle voit. Mais tentant de réfléchir à ce qu'il pourrait peut-être y avoir sous le masque. Si masque il y a bien sur... « Si tu veux savoir, il n'y a qu'avec toi que je me comporte de façon aussi excessive. Quand je vois à quel point ça fonctionne sur toi... Je t'assure, ça en est presque jouissif. » Me pinçant un instant la lèvre, je me retiens de lui lancer un regard pervers, me contentant d'utiliser ce dernier terme qu'au sens figuré. Ce qui est, de toute façon, bien suffisant.

« Je vois, je vois… Je pense qu’alors je vais arrêter de rentrer dans ton jeu, comme ça tu deviendras peut-être une personne un peu plus normal ? » Elle ferait ça pour moi ? Rhan ce serait tellement mignon... Sourire en coin, je ne la quitte pas des yeux, mais ricane légèrement. Même si elle faisait ça, c'est pas dit que ça fonctionne. Étant ainsi depuis toujours... Même ma mère n'a jamais réussi à y faire quoi que ce soit. C'est pour dire ! Que je suis un sacré cas... Bref, il semblerait que la demoiselle soit toujours quelque peu mal à l'aise, ce qui me tracasse légèrement. Qu'est-ce qui n'allait pas encore ? Mes tentatives pour la rassurer ont un peu de mal à fonctionner sur elle. A mon tour, je me concentre sur ma boisson, le regard ailleurs. Ou plutôt, j'en dévore la chantilly. Je ne savais plus vraiment quoi dire du coup... j'avais déjà fait pas mal, non ? Pour une fois que je me retrouve à court d'arguments. Alors que je regarde mes mains comme si elles étaient les septs merveilles du monde, elle reprit le cours de la discussion, à mon plus grand soulagement. « Tu… faisais quoi avant ? Tu as toujours bossé à la fac ? Je veux dire, tu n’as pas fait d’études ou autres ? » Redressant le menton, je repose mon regard sur elle avec attention. Commencerait-elle sincèrement à s'intéresser à moi ? Ou est-ce simplement histoire de meubler la conversation ? Il n'empêche que j'allais devoir, une fois encore, réfléchir à ma manière de répondre. Me triturant la bouche en signe de réflexion, je veille également une nouvelle fois à paraître... "normal" et à ne pas lui mentir non plus. Au moins pour la réponse à cette question. « Je suis allé à l'école comme tout le monde, rassures toi. J'étais même un excellent élève... Surprenant n'est-ce pas ? Et non, fort heureusement je n'ai pas toujours bossé ici ! Je déteste ce boulot ! Mais bon faut bien gagner sa vie...  » Mon petit sourire ne resta pas très longtemps en bouche, car certains souvenirs me revinrent soudainement en tête, lié à une de ses questions. J'aurai bien aimé faire des études, avoir un diplôme... Mais la vie ne se déroule pas toujours comme on le souhaite. Et cette période de ma vie n'a pas été la plus heureuse... c'est même depuis cette période que tout est parti en vrac. Baissant un instant le regard, je tente de faire comme j'ai toujours fait : refouler et cacher certaines de mes émotions. Je suis bien plus résistant que ça, non ? Me penchant légèrement plus sur la table, je m'amuse à former des petits tourbillons dans mon café à l'aide de ma cuillère. « J'ai toujours voulu faire des études et je suis persuadé que je m'en serai plutôt bien sorti. Seulement... Bref disons que j'ai eu quelques soucis. En attendant, malgré tout, je m'en sors... » Il est vrai que même sans avoir de grands diplômes, je suis devenu un grand hacker et travail pour des personnes haut placé. Mais ça, il est vrai qu'elle n'est pas censé le savoir...

« Si tu avais pu, tu aurais fait quel genre d’étude ? » J'ignore encore si ce n'est qu'une impression ou une certitude, mais on pourrait presque croire que le regard d'Hallibel sur moi a quelque peu changé. Il aura donc fallu que je commence à m'ouvrir un peu, pour qu'elle puisse entrevoir la possibilité de me voir autrement que sous l'apparence d'un gros pervers. Ce qui me donna presque envie de revenir à la case départ... Quoi que. L'idée qu'elle s'intéresse à moi et à ce que j'ai ou aurai pu faire de ma vie était plutôt flatteur. Il ne me fallu pas trop longtemps pour trouver une réponse à sa question, qui me semblait plus qu'évidente, pour moi. « Je pense que je me serai diriger vers l'informatique. Ou quelque chose en rapport avec les mathématiques...  » Un drôle de petit sourire se forgea aux coins de mes lèvres. Il est vrai que j'ai toujours eu un petit faible pour les maths et les choses bien compliquées à résoudre. Raison pour laquelle je passe beaucoup de temps sur mon ordinateur à jouer à des jeux de réflexions ou bien casse-tête. Une fois de plus, j'allais peut-être réussir à la surprendre avec ma réponse. « Gagner sa vie ne semble pas très facile de nos jours, surtout avec la hausse du chômage… Le pays ne va pas très fort pour ça, nous devons tout de même l’avouer. » Trempant mes lèvres dans ma boisson, je ne la quitte pas des yeux. Le chômage... l'emploi... la crise... que des sujets qui ont le don de me donner la migraine. Même si elle n'avait pas tord dans ses propos. Mais vu mon job, ou plutôt mes jobs et ma façon de vivre, je me sentais un peu en dehors de tout ça. Loin de là mon petit côté égoïste, mais disons que j'avais déjà suffisamment de préoccupations comme ça. « Tu vis seul ? Ou tu as de la famille à charge ? » Restant légèrement caché derrière ma tasse, je me mordille la lèvre inférieur tout en faisant mine d'examiner ce qu'il pouvait bien se passer par dessus l'épaule de la brunette. Serait-ce une question piège ? Je n'aurai pas été contre utiliser un Joker en cet instant... M'enfin. « Je vis seul oui... » Lui répondis-je tout sérieusement, avant que mes mauvais démons ne reviennent aussitôt au galop. Juste parce que la plaisanterie commençait presque à me manquer... « Pourquoi... ? Intéressé ? » Petit regard pervers et le sourire qui va avec. Je ne pouvais pas passer à côté de cette petite perche si bien tendue. Je récupère néanmoins assez rapidement mon sérieux, histoire qu'elle ne se braque pas de nouveau face à ma "pervers-attitude". Affrontant à nouveau son regard, je dépose délicatement ma tasse sur la table et mes mains avec. Me montrant curieux à mon tour, histoire de ne pas paraître trop suspect. Car oui, je ne suis pas censé tout savoir de sa vie... « D'ailleurs à ce propos... Vraiment personne en vu ? Pas de flirt ? Pas de petit ami ? » Oui c'était assez rentre dedans, mais j'étais vraiment curieux de savoir. Et si ce n'est pas moi qui pose cette question, ce sera Daisy.

« Bizarrement ça ne m’étonne même pas pour l’informatique… Pas contre pour les maths… c’est assez surprenant. T’es calé en maths ? » Pourquoi cela ne l'étonne pas que je sois doué en informatique et que je perçois le contraire lorsque je parle de maths ? Généralement, les deux sont plutôt bien assortis. De toute façon, je ne m'attendais pas vraiment à une autre réaction. Quand on se fait passer pour un concierge pervers, il ne fallait pas s'attendre à autre chose, c'est sûr... « Et comment... tu n'as même pas idée... » Sourire énigmatique aux coins des lèvres, j'avais envie de laisser transpirer un peu de mystère mélangé à un brin d'humour. Tout pour la rendre folle... Bon, il fallait tout de même que je fasse attention et que j'évite de me montrer trop mystérieux ou trop malin. C'est plus difficile qu'on le croit de jouer le rôle d'un abruti quand on en est pas vraiment un... Me voilà donc qui fait à nouveau dériver la conversation sur un tout autre sujet. Avait-elle quelqu'un en vue ? La petite fille devant moi était-elle devenue une femme ? « Pourquoi ? Tu es intéressé ? » Me laissant presque tomber au fond de ma chaise, me voilà presque choqué par sa répartie. La voilà qui se mettait presque à rétorquer comme moi... Et surtout, enfin, elle me taquinait. Une sacrée évolution l'air de rien ! « Je ne dirai pas non... » Autant jouer le jeu jusqu'au bout. Ricanant doucement, il est vrai qu'elle est loin d'être repoussante et que contrairement à ce que je dois laisser entrevoir, je me suis tout de même foutrement bien attaché à cette sale gamine. Au bout de plusieurs années... Même si elle est peut-être un peu trop coincé et sérieuse pour moi, m'enfin... « Non, il n’y a personne. Je n’ai pas réellement le temps pour l’amour. Il y avait bien quelqu’un mais… J’ai mis cet amour de côté. Et toi ? » Tiens donc ? Un amour mis de côté ? C'est que ça a tout de même l'air de plutôt pas mal la travailler... « C'est déprimant... Pourquoi donc l'avoir mis de côté ? » Oui, cette fois-ci je n'hésitais vraiment plus à vouloir me montrer curieux, je voulais savoir et ne me privais pas de lui montrer au travers de mon regard de petite fouine. Dans l'espoir que cela puisse l'encourager à me donner un peu plus d'informations à ce sujet, je prends le risque de répondre à sa dernière question. Comme toujours, en toute franchise. « Quelques filles par-ci par-là... mais rien de bien sérieux. Et puis, j'arrive tout de même à un âge où il faut commencer à se poser... » Pourquoi de ma bouche ça sonne incroyablement faux ? Il n'empêche que je le pensais quand même un peu. Ma vie étant déjà instable, je ne serais pas contre quelque chose qu'il l'est. Surtout qu'avec mes jobs, je n'avais pas toujours le temps d'avoir des flirts. « Me suffirait juste de trouver la bonne... » Haussant les épaules en même temps que les sourcils, je n'aimais pas beaucoup parler comme un mec fleur bleu. Mais bon, c'était mon côté "Daisy" qui faisait un peu surface...

« Quoi ? Tu es intéressé par une petite minette comme moi ? » Histoire de jouer le jeu jusqu'au bout, j'acquiesce vivement la tête, un petit sourire pervers aux coins des lèvres. Quoi ? Là, cette fois, on peut dire qu'elle m'a tendue la perche ! C'est vrai que d'une certaine façon, elle est loin d'être repoussante. Il faudrait être complètement dépourvu d'hormones pour refuser de flirter avec cette fille. Et puis, en plus de ça, elle a un cerveau. Ce qui est tout de même primordiale chez une gonzesse. Souvent, elles ont soit l'un, soit l'autre. Bref... « Déprimant ? Ah bon ? Je ne trouve pas. L’amour à distance c’est pas mon truc. J’étais juste attiré par Daisy. Plus de souffrance qu’autre chose. » Sans rien pouvoir prévoir de ma réaction, mes sourcils se haussèrent brutalement et mes yeux sortirent presque de leurs orbites. Daisy ? Autrement dit, moi ! J'avais bien entendu ? « Oh misère... » Marmonnais-je entre mes dents, mais cela ne l'empêcha pas d'entendre. Alors que j'avais levé les yeux au ciel, je les reposes à nouveau sur elle. Que devais-je donc répondre à ça ? J'avais bien envie de lui dire qu'elle avait raison de laisser tomber cette histoire, mais... c'est plutôt flatteur d'apprendre ça ! Et pas qu'un peu même... Ce qui est encore plus étrange, c'est que lorsque j'incarne le rôle de Daisy, je ressentirai presque la même chose pour elle. Ce jeu étrange avait donc fini par installer une drôle et dangereuse ambiguïté entre nous. Sauf que pour le moment, j'étais le seul à en être conscient. « Vu ton regard, tu ne m'as pas l'air si convaincu que ça de vouloir laisser tomber ce gars... » Buvant une bonne gorgée de ma boisson, je ne faisais que dire ce que j'arrivai à constater juste devant mon nez. Quand à moi, je venais donc de lui avouer que j'étais peut-être prêt à me caser... Peut-être n'aurai-je pas du finalement. N'aimant pas me faire passer pour un mec trop sérieux et enchainé à quelqu'un. Comme il fallait s'y attendre, cette déclaration surpris l'étudiante. « Toi ? Te caser ? C’est vraiment l’envie que tu as ? » Je soupire tout en haussant vaguement les épaules. « Je dis surtout que... adviendra ce qu'il adviendra. » Oui, car même si au final je ne me case jamais, je n'en mourrai pas contrairement à d'autres personnes qui déprime à force de rester célibataire. Je ne considérai pas non plus cela comme une torture. Au contraire... M'enfin... « Il suffit de ne pas faire l’idiot, et le pervers… Je veux dire, si tu penses avoir trouvé la bonne, alors apprend à la connaitre, ne soit pas trop entreprenant… Tate le terrain quoi. Enfin, je n’y connais rien en amour… » Riant doucement à ce qu'elle vient de dire, la voilà donc qui tente de me donner des conseils en amour ou sur comment faire pour essayer de chasser une fille plus sérieuse. Comme... elle, sûrement ? Vu les conseils... « Ahah ouai... c'est ce qu'il faudrait que je fasse si l'envie me viens de vouloir TE draguer, n'est-ce pas ? » Une fois de plus, je tente de semer le doute dans son esprit en laissant mon regard énigmatique. Car oui, selon moi, les filles aiment quand les hommes sont entreprenant et puis de toute manière, je l'étais. Tout autant que je suis pervers, chiant et insupportable de nature. « Comme je te l'ai déjà suffisamment expliqué, je n'ai aucunement l'intention de changer ma nature pour qui que ce soit. Il n'y a rien à faire de toute façon... Le jour où quelqu'un s'intéressera vraiment à moi, elle me prendra tel que je suis et réciproquement. A quoi bon vouloir changer quelqu'un ? Alors que c'est sa véritable nature qui fait tout son charme... que celle-ci soit étrange, mauvaise ou bonne. » Et me voilà parti dans mes petites réflexions philosophiques. Passant ma langue sur mes lèvres comme si ce flot de paroles les avait desséché. Je me concentre ensuite à nouveau sur elle, retrouvant mon petit sourire taquin. « Ma jolie, si tu n'y connais rien en amour... c'est peut-être parce que justement tu manques un peu de perversité. Enfin, je veux dire, il faudrait peut-être que tu te relâches un peu plus... »