Ma vie avait pris un sacré tournant ces derniers temps. Mes parents étaient morts. J’avais aussi appris que j’étais encinte, mais personne ne le savait. J’avais quitté mon pays natal pour aller vivre en Espagne. Qui aurait pu penser qu’une existence puisse changer aussi vite en si peu de temps ? Personne. En tout cas, pas moi. A l’heure qu’il est, je devrais encore être en Russie. Seulement beaucoup de choses avaient changé. Trop de choses même. Ma sœur, Elena, m’avait proposé d’aller bruncher dans un petit restaurant des Ramblas. J’avais accepté. Elena et Elisa se chamaillaient tout le temps. C’est le genre de choses qui ne devraient pas m’atteindre mais j’avais pas besoin de ça en ce moment. Je voulais qu’elles se réconcilient mais apparemment, ce que veux la petite dernière, tout le monde s’en moque. Il fallait bien que je me fasse une raison. Bref, après m’être habillée, coiffée et maquillée, j’avais pris ma carte de transport en commun. Après avoir pris un bus qui me déposait deux arrêts plus loin, je pris la ligne L3 du métro qui allait me déposer juste dans le quartier. En une vingtaine de minute, j’arrivais dans les Ramblas et je me dirigeais vers le petit restaurant qu’Elena avait choisi. Elle n’était pas encore là. Tant pis, j’allais quand même prendre une table. Je commandais une viennoiserie et un chocolat chaud. Je n’aimais pas vraiment le café. Je sortis mon portable et consulta ma page facebook, une vieille habitude que j’avais lorsque j’attendais quelqu’un. Le serveur m’apporta ma commande et quelques minutes plus tard, je vis apparaître Elena. Je lui souris puis elle me demanda commet se passait mon week-end. Mais je perdis bien vite mon sourire lorsqu’elle parla de nos parents. Je baissais les yeux. J’avais toujours du mal à encaisser leur mort, même si j’essayais de ne rien montrer. Je répondis tout en relevant les yeux vers elle :

« Ouais, ça fait un moment… » Ce n’est pas que je voulais éviter de parler de nos parents, mais je me voyais mal avoir ce genre discussion dans un restaurant. C’était pour le coup que je finirais par pleurer en public et ça, c’était simplement hors de question. J’enchaînais ensuite, histoire de ne pas faire planer ce silence de mort trop longtemps : « Sinon, j’ai passé un assez bon week-end et toi ? Au fait, c’est quand que vous avez l’intention de ne plus vous hurler dessus avec Elisa ? Parce que franchement, ça commence à être lourd. »

Je ne comprenais pas réellement pourquoi elles passaient leur temps à se battre comme ça mais elle ne se rendait pas compte que j’e souffrais. Alors certes, je m’entendais aussi bien avec Elena et Elisa mais, j’avais besoin qu’elles se réconcilient. C’était trop demander, ça?